Considérons une expérience de pile ou face, répétée à chaque incrément de temps de manière indépendante. Associons au jet de la pièce à l'instant j la variable aléatoire Yj définie par
Considérons la suite des variables aléatoires à valeurs dans Z définies par Xt=∑tj=1Yj
Le processus stochastique correspondant à la suite des (Xt) décrit donc l'évolution, au cours du temps, de l'excès de résultats pile par rapport aux face.
Ce processus a aussi une interprétation connue sous le nom de marche aléatoire unidimensionnelle symétrique.
En effet, soit une particule se déplaçant sur l'axe des Z par incrément de 1, la particule étant à l'instant initial en 0. Imaginons qu'à chaque étape du temps on tire (avec équiprobabilité) si la particule se déplace vers la droite ou vers la gauche. La suite des (Xt) représente une marche aléatoire de cette particule suivant ces lois.
On peut facilement obtenir la loi que suit Xt, puisque le nombre de déplacement à droite suit une loi binomiale (penser à la planche de Galton). Mais la connaissance de la loi de chaque Xt n'est pas suffisante pour répondre à des questions sur la dynamique de l'ensemble des (Xt), comme par exemple :
Dans cet exemple, les (Xt) ne sont pas indépendants, mais Xt+1 ne dépend que de Xt. Plus précisément : P(Xt+1=j)=12P(Xt=j−1)+12P(Xt=j+1)
Cette situation, très courante, correspond à la notion de chaîne de Markov.
On peut montrer que la probabilité de revenir en 0 en un temps fini est égale à 1. En fait, tous les états sont récurrents.
Polya a étudié la généralisation de ce modèle à plusieurs dimensions.
Considérons par exemple la grille 2-dimensionnelle Z2 correspondant aux points du plan à coordonnées entières.
A chaque étape, on évolue avec équiprobabilité d'un point à un autre de ses 4 voisins immédiats. Là aussi, tous les états sont récurrents. Avec une probabilité 1, on reviendra donc toujours une infinité de fois à l'origine.
Polya a montré, en 1921, qu'à partir de la dimension 3 ce n'est plus vrai. La probabilité de revenir à l'origine pour la marche 3-dimensionnelle symétrique est d'environ 0,34.
En quelque sorte, s'il est vrai que tous les chemins terrestres mènent à Rome, cela n'est plus vrai des chemins spatiaux...