Nov 23, 2024

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Fonctions De Hachage


Fonction de hachage et de compression

Définition

Une fonction de hachage est une application $h:\Sigma^* \longrightarrow \Sigma^n, n \in \mathbb{N}$

En clair, les fonctions de hachage associent, à des chaînes de caractères de longueur arbitraire, des chaînes de caractères de longueur fixée. Elles ne sont jamais injectives.

Exemple de fonction de hachage

L'application qui associe $b_1 \oplus b_2 \oplus ... \oplus b_n$ au mot binaire $b_1 b_2 ... b_k$ dans $\{0;1\}^*$ est une fonction de hachage ($\oplus$ désigne le ou exclusif booléen).

Elle envoie, par exemple, le mot 01101 en 1. Et, d'une façon générale, elle envoie une chaîne de caractères $b$ en 1 si le nombre de 1 dans $b$ est impair et en 0 sinon.

Fonction de compression

Définition d'une fonction de compression

Les fonctions de hachage peuvent être fabriquées au moyen de fonctions de compression : c'est-à-dire avec des applications de la forme...

$h:\Sigma^m \longrightarrow \Sigma^n, m,n \in \mathbb{N}, m>n$

C'est-à-dire que les fonctions de compression remplacent une chaîne de caractères de longueur fixée par une chaîne de caractères plus courte, de longueur fixée.

Exemple de fonction de compression

L'application qui envoie le mot $b_1 b_2 ... b_m \in \{0,1\}^m$ en $b_1 \oplus b_2 \oplus ... \oplus b_n$ est une application de compression quand $m>1$.

Utilisation

Les fonctions de hachage et de compression sont utilisées dans de nombreux contextes, par exemple pour construire des dictionnaires. En cryptographie, elles jouent un rôle important.

Les fonctions de hachage et de compression cryptographiques doivent avoir des propriétés qui garantissent leur sécurité. Nous décrivons ces propriétés de façon informelle.

Propriétés exigées

Fonction à sens unique

Soit $h:\Sigma^* \longrightarrow \Sigma^n$ une fonction de hachage ou $h:\Sigma^m \longrightarrow \Sigma^n$ une fonction de compression.

Notons $D$ l'ensemble de départ de $h$.

Si $h$ est utilisée en cryptographie, l'élément $h(x)$ doit être facile à calculer pour tout $x \in D$. Nous allons supposer que c'est le cas.

Définition d'une fonction à sens unique

On dit que $h$ est une fonction à sens unique s'il est impossible de l'inverser.

Autrement dit, si le calcul de $x$ tel que $h(x)=s$, à partir de $s$, est infaisable. Mais que veut dire infaisable ?

Notion d'infaisabilité

Mathématiquement, l'infaisabilité est une idée compliquée à mettre en forme. Il faudrait employer les concepts de la théorie de la complexité, ce qui va bien au-delà de la portée de ce texte. Par conséquent, nous n'en donnerons qu'une idée intuitive.

Une fonction $h$ est à sens unique quand les algorithmes qui essaient de calculer $x$ tel que $h(x)=s$, à partir d'une donnée $s$, échouent presque toujours (parce qu'il y a besoin de beaucoup trop d'espace ou de temps.)

Existence de fonctions à sens unique

On ne sait pas s'il existe une vraie fonction à sens unique. Toutefois, il existe des fonctions qui sont faciles à évaluer mais pour qui aucun algorithme efficace d'inversion n'est connu.

Alors, faute de mieux, on les utilise comme fonction à sens unique.

Exemple de fonction à sens unique

Soit $p$ un nombre premier de 1024 bits, choisi au hasard, et $g$ une racine primitive mod $p$.

On définit la fonction $\{0,2,...,p-1\} \longrightarrow \{1,2,... ,p-1\}$ par $x \longmapsto g^x \textrm{ mod } p $

C'est un fonction facile à calculer (avec l'exponentiation rapide), mais dont on ne connaît pas de fonction d'inversion efficace (pb du logarithme discret). Par conséquent, cette fonction peut servir de fonction à sens unique.

Les collisions

Définition d'une collision

Une collision de $h$ est un couple $(x,x') \in D^2$ pour lequel $x \neq x'$ et $h(x)=h(x')$.

Les fonctions de hachage ou les fonctions de compression possèdent toujours une collision parce qu'elles ne sont pas injectives.

Exemple

Une collision de la fonction de hachage de l'exemple précédent est le couple formé de deux chaînes de caractères disctinctes, ayant toutes les deux, ou n'ayant ni l'une ni l'autre, un nombre pair de 1, comme (111,100).

Fonctions faiblement résistantes aux collisions

Définition

On dit que la fonction $h$ est faiblement résistante aux collisions s'il est infaisable de calculer une collision $(x,x')$ pour un $x \in D$ donné.

Voici l'exemple d'une situation où il est nécessaire qu'une fonction soit faiblement résistante aux collisions...

Exemple d'utilisation

Le test d'Alice

  1. Alice veut protéger un algorithme de chiffrement $x$ enregistré sur son disque dur, afin d'empêcher des modifications non autorisées.
  2. Elle utilise une fonction de hachage $h:\Sigma^* \longrightarrow \Sigma^n$ qui calcule la valeur hachée $y=h(x)$ de ce programme $x$.
  3. Elle stocke $y$ sur sa clé USB personnelle et elle rentre à la maison en emportant la carte.
  4. Le matin suivant, Alice retourne au bureau.
  5. Avant d'utiliser son programme de chiffrement, elle vérifie qu'il n'a pas été modifié, en regardant si la valeur hachée actuelle du programme est la même que la valeur hachée stockée la veille sur sa clé USB.

Validité du test

Ce test n'a de valeur que si la fonction de hachage $h$ est faiblement résistante aux collisions.

Sinon, un adversaire pourrait calculer une autre pré-image $x'$ de la valeur hachée $h(x)$. Il pourrait alors remplacer le programme $x$ par $x'$ sans qu'Alice ne s'en aperçoive, puisque $h(x)=h(x')$.

L'exemple précédent décrit une utilisation typique des fonctions de hachage résistantes aux collisions.

Elles permettent de réduire l'intégrité d'un document à l'intégrité d'une chaîne de caractères beaucoup plus petite.

Résistance forte

On dit que la fonction de hachage $h$ est fortement résistante aux collisions s'il est infaisable de calculer une quelconque collision $(x,x')$ de $h$.

Dans certaines applications, il est nécessaire d'utiliser des fonctions de hachage fortement résistantes aux collisions, par exemple pour les signatures électroniques.

On peut montrer que les fonctions de hachage résistantes aux collisions sont des fonctions à sens unique.

L'attaque des anniversaires

Présentation de l'attaque des anniversaires

Dans cette section, nous décrivons une attaque simple sur une fonction de hachage $h$ appelée l'attaque des anniversaires.

Elle s'attaque à la résistance de $h$ aux collisions, au sens fort et elle repose sur le paradoxe des anniversaires (voir TP de proba).

Dans l'attaque des anniversaires, nous calculons autant de valeurs hachées que le temps et l'espace le permettent.

Ces valeurs sont stockées avec leur images inverses et triées afin de chercher une collision.

Lien avec le paradoxe des anniversaires

Nous pouvons analyser cette procédure en utilisant le paradoxe des anniversaires. Les valeurs hachées sont les anniversaires.

Nous supposons que les chaînes de caractères peuvent être choisies dans $\Sigma^*$ de façon que la distribution correspondante, sur les valeurs hachées, soit la distribution uniforme.

Si $k$ chaînes de caractères sont choisies dans $x \in \Sigma^*$, avec $k \geqslant \frac{1+\sqrt{1+(8 \ln{2})|\Sigma|^n}}{2}$ alors la probabilité que deux valeurs hachées soient égales est supérieure à $\frac{1}{2}$.

Pour simplifier, nous supposons que $\Sigma=\{0,1\}$. Alors $k \geqslant f(n)=\frac{1+\sqrt{1+(8 \ln{2})2^n}}{2}$ suffit.

Le tableau suivant montre ce que vaut $\log_2{f(n)}$ pour des tailles typiques de $n$.

n50100150200
$\log_2{f(n)}$25,2450,2475,24100,24

Donc, en calculant un peu plus que $2^{\frac{n}{2}}$ valeurs hachées, l'attaque des anniversaires trouve une collision avec une probabilité supérieure à 0,5.

Parade à l'attaque des anniversaires

Pour empêcher l'attaque des anniversaires, $n$ doit donc être choisi de façon que le calcul de $2^{\frac{n}{2}}$ valeurs hachées soit infaisable.

Actuellement, il est recommandé de prendre $n \geqslant 128$, voire $n \geqslant 160$.

Construction de fonctions de hachage

Fonctions de hachage à partir des fonctions de chiffrement

Existence de fonctions de hachage résistantes

On ne sait pas s'il existe une fonction de hachage résistante aux collisions, de même que l'on ne sait pas s'il existe un procédé de chiffrement sûr et efficace.

Cependant, il est possible de construire une fonction de hachage à partir d'un système de chiffrement, qui semble résister aux collisions tant que le système de chiffrement est sûr.

C'est ce que nous allons décrire maintenant...

Construction de fonctions de hachage résistantes

Nous utilisons un cryptosystème où l'espace des messages en clair, l'espace des cryptogrammes et l'espace des clés sont tous égaux à $\{0;1\}^n$.

Les fonctions de chiffrement sont $e_k:\{0;1\}^n \longrightarrow \{0;1\}^n, k \in \{0;1\}^n$

Les valeurs hachées ont la longueur $n$.

Pour empêcher l'attaque des anniversaires, nous choisissons $n \geqslant 128$. Donc le DES, par exemple, ne peut pas être utilisé ici.

On peut définir des fonctions de hachage $h:\{0;1\}^n \times \{0;1\}^n \longrightarrow \{0;1\}^n$

en posant

  • $h(k,x) = e_k(x) \oplus x$
  • $h(k,x) = e_k(x)\oplus x \oplus k$
  • $h(k,x) = e_k(x \oplus k) \oplus x$
  • $h(k,x) = e_k(x \oplus k) \oplus x \oplus k$

Tant que le cryptosystème est sûr, ces fonctions de hachage semblent être résistantes aux collisions.

Malheureusement, aucune preuve de cette assertion n'est connue.

Fonctions de hachage à partir des fonctions de compression

Des fonctions de compression résistantes aux collisions peuvent être utilisées pour construire des fonctions de hachage résistantes aux collisions.

Cela a été montré par R. Merkle, et voici son idée...

Construction de la fonction de hachage

Soit $g:\{0;1\}^m \longrightarrow \{0;1\}^n$ une fonction de compression.

Posons $r=m-n$. Puisque $g$ est une fonction de compression, nous avons $r>0$ (un choix typique pour $n$ et $r$ est $n=128$ et $r=512$).

Nous voulons construire une fonction de hachage $h:\{0;1\}^* \longrightarrow \{0;1\}^n$ à partir de $g$.

Soit $x \in \{0;1\}^*$ ; nous expliquons le calcul de $h(x)$ dans le cas $r>1$...

  1. Nous plaçons au début de $x$ un nombre minimum de zéros pour obtenir une chaîne de caractères dont la longueur est exactement divisible par $r$.
  2. Puis nous plaçons $r$ zéros à la fin de cette chaîne de caractères. Nous obtenons ainsi le mot binaire normalisé $\dot{x}$.
  3. Nous écrivons la représentation binaire de la longueur de $x$ en plaçant des zéros au début de cette représentation pour que le nombre de ses bits soit divisible par $r-1$.
  4. Nous découpons ce mot binaire en plusieurs mots de longueur $r-1$ et nous plaçons un 1 au début de chacun d'eux.
  5. Le mot binaire que l'on vient de construire est collé à $\dot{x}$.

La chaîne de caractères complète ainsi obtenue peut être vue comme une suite $x = x_1 x_2 ... x_t$, avec $x_i \in \{0;1\}^r$ de mots de longueur $r$.

Chacun des mots qui se trouvent à la fin (dans la partie qui représente la longueur de $x$) commence par le bit 1.

Exemple de construction

Avec $r=4$, prenons $x=111011$.

D'abord, nous transformons $x$ en 00111011 pour que sa longueur soit divisible par 4, puis nous incrivons 0000 la fin de ce mot, ce qui donne $\dot{x} = 001110110000$.

La longueur de $x$ est 6, le développement binaire de 6 est 110 ; il n'y a pas de 0 à ajouter parce que la longueur de ce mot est divisible par 3.

On place un 1 devant, ce qui donne 1110 et finalement, on obtient le mot binaire normalisé 0011101100001110.

La valeur hachée $h(x)$ est calculée par récurrence.

On pose $H_0 = 0^n$

Cette chaîne de caractères consiste en $n$ zéros. Puis on calcule ($\circ$ désigne ici l'opérateur de concaténation) $H_i = g(H_{i-1} \circ x_i), 1 \leqslant i \leqslant t$

et pour terminer on pose $h(x) = H_t$

Résistance aux collisions

$h$, ainsi construite, est résistante aux collisions, quand $g$ l'est.

La démonstration de ce résultat est relativement élémentaire, mais prendrait trop de place ici.

Pour obtenir un théorème digne de ce nom, il faudrait définir formellement la notion de résistance aux collisions.

Travaux pratiques

Utilisez une fonction de chiffrement, ou de compression, pour faire une fonction de hachage.

Ces travaux pratiques viennent sûrement trop tôt dans le cours : vous pourrez y revenir après avoir programmé votre propre fonction de chiffrement.

Exemples de fonctions de hachage

SHA-1

Présentation du SHA-1

Une fonction cryptographique de hachage fréquemment utilisée est SHA-1. Elle intervient dans le DSS (Digital Signature Standard).

Nous allons la décrire en détail, et vous allez la programmer.

Normalisation du message à hacher

Soit $x \in \{0;1\}^*$.

Nous supposons que la longueur (c'est-à-dire le nombre de chiffres) $||x||$ de $x$ est plus petite que $2^{64}$.

La valeur hachée de $x$ est calculée de la façon suivante...

Avant tout, on gonfle $x$ de façon que sa longueur devienne un multiple de 512. Pour cela, on procède de la façon suivante :

  1. Le symbole 1 est ajouté à la fin de $x$ ; autrement dit $x \leftarrow x \circ 1$.
  2. Un nombre minimal de 0 sont ajoutés à la fin de $x$ pour que $||x|| = 512n-64$.
  3. La longueur de $x$ est écrite en base 2 comme un nombre de 64 bits, qui est collé à la fin du mot obtenu précédemment.

Exemple de normalisation

Soit $x$ le mot binaire

$01100001~~01100010~~01100011~~01100100~~01100101$

Après la première étape, $x$ est devenu $01100001~~01100010~~01100011~~01100100~~01100101~~1$

Sa longueur actuelle étant 41, nous devons ajouter 407 zéros à $x$ pour qu'elle devienne 448=512-64.

En représentation hexadécimale, $x$ est devenu

61626364658000000000000000000000
00000000000000000000000000000000
00000000000000000000000000000000
0000000000000000  

Exemple de normalisation

À l'origine, la longueur de $x$ était 40.

On écrit 40 en base 2 comme un nombre de 64 bits : en représentation hexadécimale, c'est $00000000 ~ 00000028$

et on colle ce nombre à la fin de $x$, ce qui donne, finalement, le mot binaire de 512 bits qui aurait pour représentation hexadécimale

61626364658000000000000000000000
00000000000000000000000000000000
00000000000000000000000000000000
00000000000000000000000000000028

Calcul de la valeur hachée

Définition de fonctions

Dans le calcul de la valeur hachée, on utilise 80 fonctions $f_t : \{0;1\}^{32} \times \{0;1\}^{32} \times \{0;1\}^{32} \longrightarrow \{0;1\}^{32}$

définies de la façon suivante ($\wedge$ représente le et logique exécuté bit à bit, $\vee$ est le ou logique, quand $\neg$ est la négation) : $f_t(B,C,D)$ est égal à...

  • $(B \wedge C) \vee (\neg B \wedge D)$ pour $0 \leqslant t \leqslant 19$
  • $B \oplus C \oplus D$ pour $20 \leqslant t \leqslant 39$
  • $(B \wedge C) \vee (B \wedge D) \vee (C \wedge D)$ pour $40 \leqslant t \leqslant 59$
  • $B \oplus C \oplus D$ pour $60 \leqslant t \leqslant 79$

Définition de constantes

On utilise aussi des constantes $K_t$, égales à

  • 5A827999 pour $0 \leqslant t \leqslant 19$
  • 6ED9EBA1 pour $20 \leqslant t \leqslant 39$
  • 8F1BBCDC pour $40 \leqslant t \leqslant 59$
  • CA62C1D6 pour $60 \leqslant t \leqslant 79$

Calcul de la valeur hachée

Soit $x$ un mot binaire qui a été gonflé en suivant la règle précédente. Sa longueur est divisible par 512 ; on l'écrit comme une suite de mots de 512 bits $x = M_1 M_2 ... M_n$

Pour l'initialisation, on utilise certains mots de 32 bits :

  • $H_0 = 67452301$,
  • $H_1 = EFCDAB89$,
  • $H_2 = 98BADCFE$,
  • $H_3 = 10325476$,
  • $H_4 = C3D2E1F0$.

Dans ce qui suit :

  • $S^k(w)$ désigne le décalage à gauche de $k$ bits, en permutation circulaire, d'un mot de 32 bits $w$,
  • + désigne l'addition mod $2^{32}$ des entiers qui correspondent aux mots de 32 bits.

La valeur hachée sera $SHA_1(x) = H_0 H_1 H_2 H_3 H_4$

On exécute la procédure suivante, pour $i=1,2, ... , n$ :

  1. Écrire $M_i$ comme une suite $M_i = W_0 W_1 ... W_{15}$ de 16 mots de 32 bits.
  2. Pour $t=16,17, ..., 79$, calculer $W_t = S^1 (W_{t-3} \oplus W_{t-8} \oplus W_{t-14} \oplus W_{t-16})$.
  3. Poser $A = H_0, B = H_1, C = H_2, D=H_3,$ et $E=H_4$.
  4. Pour $t=0,1,..., 79$, calculer
    • $T=S^5(A)+f_t(B,C,D)+E+W_t+K_t$,
    • $E=D$,
    • $D=C$,
    • $C=S^{30}(B)$,
    • $B=A$,
    • $A=T$.
  5. Ajouter $A$ à $H_0$, $B$ à $H_1$, $C$ à $H_2$, $D$ à $H_3$ et $E$ à $H_4$.

Travaux pratiques

Programmez le SHA-1

SHA-256

Présentation du SHA-256

La fonction de hachage SHA-256 agit sur une entrée dont le nombre de bits est $<2^{64}$ et sort un résumé de 256 bits.

La taille des blocs traités par SHA-256 est 512 bits.

Les fonctions utilisées

On note ici

  • + l'addition modulo $2^{32}$
  • $SR^n(x)$ l'opération consistant à décaler les bits de $x$ de $n$ positions vers la droite, et à remplir de 0 les $n$ positions ainsi libérées à gauche du mot ($0 \leqslant n \leqslant 32$),
  • $SL^n(x)$ l'opération consistant à décaler les bits de $x$ de $n$ positions vers la gauche, de la même manière,
  • $ROTR^n(x)$ l'opération qui consiste à faire une permutation circulaire vers la droite, et qui décale de $n$ positions les bits de $x$,
  • $ROTL^n(x)$ le même type d'opération circulaire, mais vers la gauche.

On définit alors 6 fonctions d'une ou plusieurs variables de 32 bits, ayant pour image un mot de 32 bits :

  • $Ch(x,y,z) = (x \wedge y) \oplus ( \neg x \wedge z)$,
  • $Maj(x,y,z) = (x \wedge y) \oplus (x \wedge z) \oplus (y \wedge z)$,
  • $\Sigma_0^(256)(x) = ROTR^2(x) \oplus ROTR^{13}(x) \oplus ROTR^{32} (x)$,
  • $\Sigma_1^(256)(x) = ROTR^6(x) \oplus ROTR^{11}(x) \oplus ROTR^{25} (x)$,
  • $\sigma_0^(256)(x) = ROTR^7(x) \oplus ROTR^{18}(x) \oplus SR^{3} (x)$,
  • $\sigma_1^(256)(x) = ROTR^{17}(x) \oplus ROTR^{19}(x) \oplus SR^{10} (x)$.

Les constantes utilisées

On utilise aussi 64 constantes de 32 bits notées $K_0^{256}, ..., K_{63}^{256}$

428a2f9871374491b5c0fbcfe9b5dba53956c25b59f111f1
923f82a4ab1c5ed5d807aa9812835b01243185be550c7dc3
72be5d7480deb1fe9bdc06a7c19bf174e49b69c1efbe4786
0fc19dc6240ca1cc2de92c6f4a7484aa5cb0a9dc76f988da
983e5152a831c66db00327c8bf597fc7c6e00bf3d5a79147
06ca63511429296727b70a852e1b21384d2c6dfc53380d13
650a7354766a0abb81c2c92e92722c85a2bfe8a1a81a664b
c24b8b70c76c51a3d192e819d6990624f40e3585106aa070
19a4c1161e376c082748774c34b0bcb5391c0cb34ed8aa4a
5b9cca4f682e6ff3748f82ee78a5636f84c878148cc70208
90befffaa4506cebbef9a3f7c67178f2  

Préparation du message d'entrée

Soit $M$ le message d'entrée.

Sa longueur en nombre de bits est $|M| = l < 2^{64}$.

Soit $k$ le plus petit entier tel que $l+k+1 \equiv 448 [512]$, c'est-à-dire $k = 448-l-1 [512]$

Le message préparé $M'$ est alors constitué des $l$ bits de $M$, suivi du bit 1, suivi de $k$ bits égaux à 0 et enfin de 64 bits représentant l'écriture du nombre $l$ en binaire.

Le message $M'$ a donc pour longueur : $|M'| = l+1+k+64 = 512 N$

Le message $M'$ est alors découpé en $N$ blocs de 512 bits : $M^(1),M^(2),...,M^(N)$.

Chaque bloc $M^(i)$ de 512 bits est lui-même découpé en 16 mots de 32 bits :

$M_0^(i),M_1^(i),...,M_{15}^(i)$

Les valeurs initiales

On va mettre le résultat du hachage (256 bits) dans 8 mots de 32 bits.

On part pour l'état initial du système de 8 mots de 32 bits nommés : $H_0^0, H_1^0, ..., h_7^0$

On va faire évoluer le sytème en calculant successivement $H_0^1, H_1^1, ...,H_7^1$, pour $1\leqslant i \leqslant N$, en utilisant successivement les blocs $M^(i)$.

Les valeurs initiales sont les suivantes :

  • $H_0^(0) = 6a09e667$,
  • $H_1^(0) = bb67ae85$,
  • $H_2^(0) = 3c6ef372$,
  • $H_3^(0) = a54ff53a$,
  • $H_4^(0) = 510e527f$,
  • $H_5^(0) = 9b05688c$,
  • $H_6^(0) = 1f83d9ab$,
  • $H_7^(0) = 5be0cd19$.

L'algorithme

L'entrée du programme

Les mots ont, dans cet algorithme, pour taille 32 bits.

On dispose de 64 mots de tour $W_0, ..., W_{63}$ de 32 bits, de 8 variables de travail $a,b,c,d,e,f,g,h$ de 32 bits et de deux variables auxiliaires de 32 bits $T_1, T_2$.

Le message préparé et découpé comme précédemment est l'entrée du programme.

L'algorithme

    pour $(i=1 ; i \leqslant n ; i++)$
         pour $(t=0 ; t \leqslant 15 ; t++)$
             $W_t = M_t^(i)$
         pour $(t=16 ; t \leqslant 63 ; t++)$
             $W_t = \sigma_1^(256)(W_{t-2}) + W_{t-7} + \sigma_0^(256)(W_{t-15}) + W_{t-16}$
         $a = H_0^(i-1) ; b = H_1^(i-1) ; c = H_2^(i-1) ; d = H_3^(i-1) ;$
         $e = H_4^(i-1) ; f = H_5^(i-1) ; g = H_6^(i-1) ; h = H_7^(i-1) ;$
         pour $(t=0 ; t \leqslant 63 ; t++)$
             $T_1 = h + \Sigma_1^(256)(e) + Ch(e,f,g) + K_t^(256) + W_t;$
             $T_2 = h + \Sigma_1^(256)(e) + Ch(e,f,g) + K_t^(256) + W_t;$
             $h=g ; g=f ; f=e ; e=d+T_1 ;$
             $d=c ; c=b ; b=a ; a=T_1+T_2;$
         $H_0^(i) = a + H_0^(i-1) ; H_1^(i) = b + H_1^(i-1)$ ;
         $H_2^(i) = c + H_2^(i-1) ; H_3^(i) = d + H_3^(i-1)$ ;
         $H_4^(i) = e + H_4^(i-1) ; H_5^(i) = f + H_5^(i-1)$ ;
         $H_6^(i) = g + H_6^(i-1) ; H_7^(i) = h + H_7^(i-1)$ ;

La sortie est alors $H_0^(N)||H_1^(N)||H_2^(N)||H_3^(N)||H_4^(N)||H_5^(N)||H_6^(N)||H_7^(N)||$

Travaux pratiques

Programmez le SHA-256.

Autres fonctions de hachage

Construction d'autres fonctions de hachage

Les autres fonctions de hachage utilisées en pratique sont construites comme ci-dessus.

Des modifications de cette construction accélèrent l'évaluation.

Le tableau suivant donne les caractéristiques de quelques fonctions de hachage utilisées en pratique.

Tableau de comparaison des fonctions de hachage

fonction de hachagelongueur des blocsvitesse relative
MD41281,00
MD51280,68
RIPEMD-1281280,39
SHA-11600,28
RIPEMD-1601600,24

Critique des fonctions de hachage

Toutes ces fonctions de hachage sont très efficaces.

La fonction MD4 ne peut plus être considérée comme résistante : on a trouvé une collision en calculant $2^{20}$ valeurs hachées.

Cependant, le principe de construction de MD4 est utilisé dans toutes les autres fonctions de hachage de cette table.

De même, MD5 n'est plus totalement sûre.

Compte tenu de l'attaque des anniversaires, les 160 bits de SHA-1 impliquent une résistance à $2^{80}$ essais pour l'attaque brutale (ce n'est plus assez).

Travaux pratiques

  1. Recherchez sur internet des informations concernant les autres fonctions de hachage, comme par exemple le MD5 ou Whirlpool.
  2. Les programmer.

Codes d'authentification de message

Utilisation du hachage pour l'authentification

Des fonctions cryptographiques de hachage peuvent être utilisées pour tester si un fichier a été modifié :

  • La valeur hachée du fichier est stockée séparément.
  • L'intégrité du fichier est testée en comparant la valeur hachée du fichier actuel à la valeur hachée stockée.
  • Si les deux valeurs sont les mêmes, on peut penser que le fichier est inchangé.

Pour prouver l'intégrité d'un document et son authenticité, on peut utiliser des fonctions de hachage paramétrées.

Une fonction de hachage paramétrée est une famille $\{h_k, k \in K \}$ de fonctions de hachage, où $K$ est un ensemble appelé l'espace des clés de $h$.

Une fonction de hachage paramétrée s'appelle un code d'authentification de message. On dit aussi un MAC (Message Authentification Code).

Création de MAC

La fonction de hachage $g:\{0;1\}^* \longrightarrow \{0;1\}^4$ peut être transformée pour donner le MAC $h_k: \{0;1\}^* \longrightarrow \{0;1\}^4, x \longmapsto g(x) \oplus k $ qui admet $\{0;1\}^4$ pour espace des clés.

Utilisation d'un MAC

L'exemple suivant illustre comment utiliser un MAC.

  1. Le professeur Alice envoie par mail, au service de la scolarité de son université, la liste des étudiants reçus à l'examen de cryptographie.
  2. Il est important que le service de scolarité spot certain que ce mail est authentique. Pour en prouver l'authenticité, un MAC $\{h_k, k \in K\}$ est utilisé.
  3. Alice et le service des examens échangent une clé secrète $k \in K$.
  4. Avec sa liste $x$, Alice envoie aussi la valeur hachée $y=h_k(x)$.
  5. Bernard, le responsable du service, calcule la valeur hachée $y'=h_k(x')$ du message reçu.
  6. Il accepte $x'$ si $y=y'$.

Le protocole de l'exemple précédent prouve l'authenticité à condition qu'il soit impossible de calculer le couple $(x,h_k(x))$ sans connaître $k$.

Travaux pratiques

Essayez d'appliquer vos fonctions de hachage à un protocole d'authentification.

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